Commentaire du 3 octobre 2010 / Pierre Desroches (3e)

Transcription écrite du commentaire du bas de la page.

Réflexion hebdomadaire sur les textes bibliques de la messe de chaque semaine par l’abbé Pierre Desroches, prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal.
Guitare, enregistrement et montage par Gino Fillion de l’organisme Qéhélata.

Textes liturgiques © AELF

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Évangile du 27e dimanche du temps ordinaire : La puissance de la foi – L’humilité dans le service (Luc 17, 5-10)
Les Apôtres dirent au Seigneur : « Augmente en nous la foi ! » Le Seigneur répondit : « La foi, si vous en aviez gros comme une graine de moutarde, vous diriez au grand arbre que voici : ‘Déracine-toi et va te planter dans la mer’, et il vous obéirait. Lequel d’entre vous, quand son serviteur vient de labourer ou de garder les bêtes, lui dira à son retour des champs : ‘Viens vite à table’ ? Ne lui dira-t-il pas plutôt : ‘Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et que je boive. Ensuite tu pourras manger et boire à ton tour.’ Sera-t-il reconnaissant envers ce serviteur d’avoir exécuté ses ordres ? De même vous aussi, quand vous aurez fait tout ce que Dieu vous a commandé, dites-vous : ‘Nous sommes des serviteurs quelconques : nous n’avons fait que notre devoir.’ »

1ère lecture : « Le juste vivra par sa fidélité » (Habacuc 1, 2-3; 2, 2-4)

« Combien de temps, Seigneur, vais-je t’appeler au secours, et tu n’entends pas, crier contre la violence, et tu ne délivres pas ! Pourquoi m’obliges-tu à voir l’abomination et restes-tu à regarder notre misère ? Devant moi, pillage et violence ; dispute et discorde se déchaînent. Je guetterai ce que dira le Seigneur. » Alors le Seigneur me répondit : « Tu vas mettre par écrit la vision, bien clairement sur des tablettes, pour qu’on puisse la lire couramment. Cette vision se réalisera, mais seulement au temps fixé ; elle tend vers son accomplissement, elle ne décevra pas. Si elle paraît tarder, attends-la : elle viendra certainement, à son heure. Celui qui est insolent n’a pas l’âme droite, mais le juste vivra par sa fidélité. »

2ème lecture : Le chef de communauté doit rester fidèle dans le service de l’Évangile (2 Timothée 1, 6-8.13-14)

Fils bien-aimé, je te rappelle que tu dois réveiller en toi le don de Dieu que tu as reçu quand je t’ai imposé les mains. Car ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de raison. N’aie pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur, et n’aie pas honte de moi, qui suis en prison à cause de lui ; mais, avec la force de Dieu, prends ta part de souffrance pour l’annonce de l’Évangile. Règle ta doctrine sur l’enseignement solide que tu as reçu de moi, dans la foi et dans l’amour que nous avons en Jésus Christ. Tu es le dépositaire de l’Évangile ; garde-le dans toute sa pureté, grâce à l’Esprit Saint qui habite en nous.

Psaume : Ps 94, 1-2, 6-7ab, 7d-8a.9

R/ Aujourd’hui, ne fermons pas notre coeur, mais écoutons la voix du Seigneur !

Venez, crions de joie pour le Seigneur,
acclamons notre Rocher, notre salut !
Allons jusqu’à lui en rendant grâce,
par nos hymnes de fête acclamons-le !

Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous,
adorons le Seigneur qui nous a faits.
Oui, il est notre Dieu ;
nous sommes le peuple qu’il conduit.

Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ?
« Ne fermez pas votre coeur comme au désert,
où vos pères m’ont tenté et provoqué,
et pourtant ils avaient vu mon exploit. »

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Commentaire du 3 octobre 2010 (3e) – 27e dimanche du Temps Ordinaire (Année C)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q. 

Réveille en toi, le don gratuit de Dieu que tu as reçu !

L’abbé Pierre Desroches

Bonjour amis internautes ! Cette semaine on se retrouve à l’occasion du 27e dimanche du temps ordinaire et celui qui le premier qui va prendre la parole sera notre ami Habacuc. Je vous lis le premier verset : « Combien de temps, Seigneur, vais-je t’appeler au secours et tu n’entends pas, crier contre la violence, et tu me délivreras ». Il y a  un sentiment que le Seigneur ne bouge pas, ne reçois pas nos prières, qu’il ne transforme pas le monde. « Pourquoi m’obliges-tu à voir l’abomination et restes-tu à regarder notre misère ? » Ce sentiment est à la base de beaucoup d’athéisme parce qu’on a fini par affirmer que Dieu ne peut pas exister s’il y a un tel mal dans le monde. Il serait intéressant de voir ce que notre ami va entendre de son expérience de Dieu. « Devant moi je vois le  pillage, disputes et discordes se déchaînent ». Et là,  il dit une parole qui peut nous interpeler : « Je guetterai ce que dira le Seigneur ». Ce que cet homme décide de faire c’est de ne pas fermer son oreille. Et c’est une des grandes expériences chrétiennes, une des grandes expériences qui nous vient du judaïsme et qui est à l’origine de la Bible. « Écoute Israël ». Se mettre à l’écoute de Dieu, être vigilant, attentif.

Alors Dieu va lui répondre : « Tu vas mettre par écrit la vision bien clairement sur des tablettes pour qu’on puisse la lire couramment, et cette vision va se réaliser mais seulement au temps fixé ». Alors, toute cette expérience, tout ce mal-être dans lesquels on est invités à être présents, à ne pas se protéger pour être vulnérables et être vraiment en lien avec la réalité de ce monde, elle n’est pas là pour nous dire que Dieu n’existe pas, elle n’est pas là pour qu’on souffre de cette réalité qui est souvent très abominable, elle est juste là pour qu’on soit bien à l’écoute et bien entendre ce que le Seigneur va nous dire pour que s’accomplisse en son temps. Un des grands problèmes que nous avons c’est qu’on voudrait que cela se réalise à notre heure et à notre temps. C’est pour cela que le juste va vivre par sa fidélité, c’est qu’il ne se fermera pas, il ne se coupera pas du monde, il n’arrêtera pas d’écouter cette Parole qui va lui indiquer un chemin et un chemin prophétique qui va nous dire par où va nous arriver Dieu et par où va se transformer ce monde qui a besoin de nos vies, de nos êtres, pour évoluer et se tourner vers le Seigneur qui est toujours la source de la vie.

Dans la deuxième lettre, Paul, lui, va inviter son ami à rester fidèle au don qu’il a reçu. Comme je prépare beaucoup d’enfants à la première communion et à la confirmation, je travaille souvent avec les familles. C’est une Parole qui me parle beaucoup parce que dans notre monde, on oublie souvent que le don principal, c’est un don qu’on reçoit de Dieu. « Reste éveillé dans ce don qui est en toi ». Chacun de nous on est des dons qui sont uniques, et que si l’on ne partage pas le don que l’on est, personne ne peut le faire ou se substituer à notre place. Le monde en sera privé. Ce don a toujours cette  qualité, c’est qu’il est gratuit. On n’a pas besoin d’être payé pour le faire exister, il suffit  juste qu’on soit fidèles à ce que le Seigneur a caché en nous, qu’on soit fidèles à ce que nous sommes et à devenir ce don unique.

Et dans l’Évangile ce sont les Apôtres qui demandent au Seigneur « Augmente en nous la foi ». Jésus leur répond : « Si vous aviez la foi gros comme un grain de moutarde, vous diriez à ce grand arbre que voici, déracine-toi et va te planter dans la mer et il vous obéirait ». La mer chez les Juifs c’est le lieu de la puissance du mal, c’est une sorte de lieu inconnu, lorsqu’on part en barque et que les tempêtes s’élèvent, on peut voir la barque être engloutie par les flots et on ne retrouve jamais les personnes qui étaient dans la barque puisqu’elles ne savent pas nager et qu’elles n’ont pas de grands moyens de sauvetage. Alors, c’est donc l’expérience de la mort, c’est l’expérience du danger. « Va te planter dans la mer », c’est comme une invitation à accepter d’aller se planter là où il y a du danger, là où il y a des puissances du mal, non pas pour être engloutis, mais pour aller obéir à une parole qui ressemble à celle du début où notre ami Habacuc disait au Seigneur : « Pourquoi suis-je témoin de tout ce mal ? » Si le mal, on ne le fréquente pas, on ne le connaît pas, on finit par penser qu’il n’existe pas ; ce qu’on fait souvent quand on ne se penche pas sur la réalité de nos frères de d’autres continents qui connaissent toutes sortes de fléaux que nous ne connaissons pas ici.

Mais les fléaux d’ici sont bien aussi terribles que les fléaux de là-bas parce que la mort d’ici, elle est souvent spirituelle, elle est souvent psychologique. Alors « Va te planter dans la mer », c’est de  rester en lien avec ceux qui peuvent être  marqués de maladies qui sont mentales et qui sont nombreux dans une société comme la nôtre; reste en lien avec ceux qui sont vraiment coupés, sans relation; reste en lien avec cette dimension de l’humanité qui vient te parler de ta manière à toi d’exister et, laisse-toi convertir. Ne te mets pas à juger, à condamner, ne te mets pas à te mettre au-dessus mais accepte humblement de reconnaître comment tu peux te laisser transformer pour que ce qui détruit cette ’humanité puisse être vaincu par une attitude nouvelle, celle qui dans cette Parole d’aujourd’hui qui est de l’obéissance. Ce n’est pas la grande mode d’être obéissant, mais pour l’Évangile, c’est la façon d’être juste, d’être ajusté, d’être comme Dieu et d’accepter de faire le don de sa vie, parce que si ma vie, si je veux la protéger, la vie de ceux qui seront  autour de moi sera aussi perdue que la mienne. Si j’accepte de donner ma vie, alors la transformation pourra  va devenir possible, non pas à partir de mes forces mais à partir de ma foi, de ma relation à ce Dieu qui fait toutes choses nouvelles.

Évangile : Luc 17, 5-10

1ère lecture : Habacuc 1, 2-3; 2, 2-4

Psaume 94, 1-9

2e lecture : 2 Timothée 1, 6-8.13-14

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